Après le vol en voyage de mes appareils auditifs par un voleur d’airpods, qui a du être bien déçu de trouver ces prothèses, je cherchais un dispositif anti-perte pour ne plus risquer de égarer mes précieux (qui coûtent quand même dans les 3000€).
Conception
Comment les fixer de façon sûre à mes oreilles. L’ancien modèle bipait quand le micro et le récepteur étaient séparés? Le nouveau permet certes, de répondre en direct des oreilles mais il a pour contrainte de ne plus pouvoir couper le micro séparément de l’émetteur (ce qui est gênant lorsque qu’il y a trop de monde et que je n’arrive pas à gérer) et il ne signale plus la séparation des 2 appareils.
J’avais bien pensé aux manchettes d’oreille qui se mettent à cheval sur l’oreille, mais j’ai eu des doutes quant à leur tenue.
La solution est venue des boucles d’oreilles. Il suffisait de relier une attache de boucle d’oreille au fil transparent des appareils.
J’ai donc réalisé une première version non démontable
Matériel
de la chainette
des anneaux de liaison
un support de boucles d’oreilles
La chainette fantaisie permet de faire oublier que ce n’est pas un bijou classique mais un antivol.
Le prototype
J’ai testé ce modèle depuis le mois de mars et j’en suis plutôt contente. Mais ce n’était que le prototype.
Il suffit de fixer le support de boucle d’oreilles sur l’oreille et de mettre normalement l’appareil auditif.
Ensuite, si l’appareil tombe de l’oreille, il reste prisonnier de la boucle d’oreille.
En effet, le fait de ne pas pouvoir enlever le dispositif pour changer les piles ou même pour le nettoyage ou la révision n’est pas très pratique. C’est pour cela que j’ai remplacé l’anneau de liaison relié à l’appareil par une attache de bracelet.
Enfin, j’ai trouvé une solution pour pouvoir mettre des boucles d’oreille en plus du dispositif. Etudiante, je m’étais fait percé un deuxième trou d’oreille qui s’est refermé avec le temps. Je songe à le remettre en service quitte à raccourcir la chainette.
Le 19 novembre 2018,c’était la dernière mais aussi la première. Un an déjà que j’ai rejoint le monde des entendants.
J’ai beaucoup réfléchi avant d’écrire cet article. Pourquoi l’écrire ? Quel en serait le message ? Que raconterait-il ? Et puis il m’est apparu évident qu’en un an, j’ai pu expérimenté des tas de choses, en découvre, en aimer et …en détester.
Grâce à mes appareils, je peux de nouveau aller en public, j’entends mieux, je supporte mieux le bruit.
J’ai d’abord du apprivoiser mon « nouvel » environnement, les appareils, leur fonctionnement etc. ..
Les points positifs
La découverte de la stéréo. Il y a une différence très nette avec et sans le micro et avec et sans appareil. J’ai longtemps hésité à affronter les lieux publics telles que la foule , un concert d’abord en plein air, puis dans une petite salle (c’est comme cela que je suis devenu membre d’une association de musique au hasard d’un concert près de chez moi). Une chose est sûre, je préfère toujours la musique en plein air. Dans une salle, j’ai toujours l’impression que la balance est mal faite, que les instruments sont plus forts que les voix et si je ne peux pas lire sur les lèvres je ne comprends rien.
Aucun souci en avion. Que ce soit pour les contrôles ou le vol, tout se passe bien. Pas besoin de les enlever et les piles sont tolérées dans le bagages à main. Aucun problème de parasite avec les portiques (contrairement aux grands magasins).
J’assume totalement de changer les piles ou de dépanner les appareils en public. Je préfère montrer mes appareils que d’avoir l’air stupide car je n’entends rien. J’ai maintenant un chouette kit de voyage : Boite de récupération des piles usées, lingettes lavables pour le nettoyage, un verre de séchage de secours, écouvillon etc…
Je peux de nouveau affronter une foule avec quelques réserves. Je supporte le bruit mais suivre une conversation quand il y a plus de 5 personnes dans la pièce est compliqué. Ce sont des soucis de compréhension. J’ai le début de phrase avec une voix féminine, puis 2 mots masculin, et re-changement de voix. Ce qui est assez déstabilisant. Du coup, je n’ose rien dire de peur de dire des bêtises.
Les points négatifs
– Comme dit plus haut, la compréhension en grande assemblée. Dans mon nouvel établissement, dans un premier temps, je n’ai pas parlé de ma surdité mais au fil des réunions et suivant la configuration des salles je n’ai pas eu trop le choix si je voulais suivre à minima.
– Je fatigue vite. J’ai bien peur de ne pas finir très vieille (en même temps vu la réforme sur la retraite, je ne suis même pas sûre d’en avoir une…). Quand je suis fatiguée, j’ai la sensation d’avoir le cerveau dans du coton, de n’être plus bonne à rien. Je n’arrive pas à me concentrer, à réfléchir….Mon cerveau est en boucle sur « Je veux dormir ! » Afin de s’assurer que j’obéisse, il m’envoie le soldat dyslexie…qui se fait une joie de m’embrouiller le B, les D, les P , les T etc…. En voici un petit exemple….
« – Bonjour ! Madame vous auriez un livre de lapin , s’il vous plaît ?
– De lapin….Et là je cherche, je mouline (et accessoirement je dois avoir l’air bien débile)un livre de lapin…
– Oui vous savez avec les déclinaisons…
– Oh ! Un livre de latin ! »
– Les chuintements du micro du aux portiques antivol des magasins ou tout appareil utilisant du RFID…cela brouille les fréquences de mes appareils voir les éteints carrément ! Comprendre une caissière sans couper le micro est un peu compliqué dans ces conditions.
– Ma nouvelle audioprothésiste : Qui n’avait pas les tubes nécessaires pour mes appareils (Rdv pris 3 semaines à l’avance) car elle ne fait pas la marque Phonak. Je me retrouve donc avec mes tubes jaunis (prochain rendez-vous en mai…).
Elle a passé le rendez-vous à me dire qu’il y avait mieux comme appareils, plus petits et rechargeables. En gros, comme ce n’est pas elle qui a été payée pour l’achat des appareils mais qu’elle doit les entretenir car j’ai déménagé, elle a eu un comportement de commerciale plus qu’autre chose. Sauf que le choix de cet appareil est un choix mûrement réfléchi car il doit durer 5 ans. A batterie l’appareil est plus onéreux et doit être rechargé tous les jours ! Et si la journée est longue … Plus de batterie et donc plus d’appareil….
Les piles ont une durée de 10 à 15 jours suivant l’appareil. Il m’en faut en gros 60 piles/an.
En conclusion
Les appareils, c’est chouette. Cela ne règle pas tout mais faire sans je crois que je ne pourrais plus. Ils sont discrets, efficaces et pompent autant de piles que mon cerveau ! Je ne gère pas encore du tout la spatialisation, ni quand je dois couper le micro pour soulager mon cerveau.
Remerciements
Encore un grand merci à tous ceux qui m’ont facilité mon acclimatation à tous ces nouveaux changements :
Pantxika, Céline, Marie, Manuela, Valérie, Claire : Merci les filles de votre soutien et d’avoir su me tranquilliser chaque fois que j’ai douté de moi et de ma capacité d’adaptation, de ma peur d’avoir le statut d’handicapée.
Aymeric : Merci de m’avoir accompagnée et rassurée notamment pour la mise en place. Je n’aurai pas pu avoir de meilleur accompagnateur.
Ma familles, les amis, les collègues qui ont toujours su rester bienveillants
La MGEN et la MDPH du Cher pour la rapidité avec laquelle mon dossier a été traité ainsi que le rectorat pour le financement.
Je vais donc continuer à progresser dans cette vie d' »entendants » ….
Bonnes fêtes à tous et à bientôt pour d’autres aventures !
Après l’épisode du marché de Noël, il me reste plein de choses à tester avant de décider ou non de garder mes appareils. Et j’avoue que la dernière semaine, je l’ai ai testé à mort ! Au programme : cinéma, restaurant en grand groupe, shopping de Noël, spectacle de danse, surveillance de self et grand trajet !
Le cinéma
Maintenant que j’ai compris le fonctionnement du bouton permettant de couper discrètement le micro, et que l’appareil de droite corrige ma petite perte à droite sur les aigus, il est temps de refaire un test cinéma. La première fois, j’avais réalisé le test sur le film des Animaux fantastiques en VO, le sous-titrage servant d’aide. Cette fois-ci, j’ai choisi un film d’animation : Astérix et la potion magique
Le film est très chouette, on y retrouve bien l’esprit des premiers animés d’Astérix. Le son est clair et agréable….Le test est donc positif
Le restaurant en grand groupe
L’amicale de notre collège est très active et sympathique. Tous les ans, elle organise un repas au restaurant pour l’ensemble du personnel. Cela fait des années que je n’y vais plus à cause du bruit d’une quarantaine de personnes dont certaines parlent très fort. J’ai longtemps hésité à y aller mais la précédente expérience au restaurant s’étant avérée positive, je tente.
Evidemment cela ne serait pas drôle si les piles ne me jouaient pas des tours. Cela fait une semaine que je ne les ai pas changé….Et je passe tout mon lundi à me frotter le dessus de l’oreille gauche pour vérifier si le micro foncntionne. Il aura la bonne idée de biper le lundi soir. Donc un pile de changer, une !
Sauf que le mardi, l’appareil de droite n’a toujours pas réclamé de nouvelles piles. Je passe la journée à m’inquiéter du moment où la pile va lâcher…Est ce que ça va être en plein cours ? Non. Je ‘inquiète pour le restaurant le soir. Alors oui, je pourrais changer la pile avant d’y aller, mais au prix des fournitures, je les use jusqu’au bout. Ce sera finalement au restaurant que je devrais changer la pile.
Le bilan de la soirée est qu’il est agréable de pouvoir communiquer avec sa voisine de gauche malgré le bruit sans avoir à trop lire sur les lèvres et surtout sans avoir à réfléchir à quelle place se mettre à table. Le filtre anti-bruits des appareils est efficace….Si la pile a de l’énergie. C’est comme cela que j’ai su que je devais la changer. Ce changement de pile est très discrète et je crois que personne ne s’en ai rendu compte. Le bruit m’a certes fatiguée mais c’était tout à fait supportable.
Le spectacle de danse
A l’auditorium, passe un spectacle de danse que j’ai déjà vu mais qui est magique. Il allie danse et numérique. Et c’est une occasion de plus de tester mes appareils dans une salle de spectacle. Il s’agit de Pixels. Si vous avez l’occasion d’y aller, courrez-y !
C’est ma première salle de spectacle avec des oreilles bioniques. Le son est top mais je suis obligée de couper le micro plusieurs fois au cours du spectacle car avec les effets de lumière, le mal de mer revient. Mon cerveau n’arrive toujours pas à spatialiser. J’entends toujours « des voix », c’est à dire que je n’arrive pas à localiser d’où vient le bruit ou la voix.Cela donne un effet »Jeanne d’Arc ».
Le grand plongeon dans la foule
J’ai testé d’autres situations.
Un self rempli d’ados : tant que le micro est coupé tout va bien.
Le shopping en période de fêtes dans un magasin noir de monde n’est pas une bonne idée. Le bruit, la foule, trouver ce que l’on cherche me fatigue et …me file le mal de mer. Il y a un truc marrant dans les magasins : quand je passe les portiques anti-vol mes appareils grésillent comme les programmes cryptés de Canal +. Dans certains, je fais même sonner les portiques !
Les longs trajets : Comme je peux couper le micro cela ne me change pas grand’chose excepté en musicalité.
Conclusion
La période d’essais est arrivée à sa fin. Il était temps de prendre une décision. Cela n’a pas été très compliqué de décider.
Les avantages sont bien supérieurs aux inconvénients. Alors certes j’entends toujours des « voix », j’ai le mal de mer et des vertiges quand il y a vraiment trop de bruits sur une longue période, il faut penser sans cesse à avoir des piles au cas où, qu’il faut se tartiner de l’huile d’amande douce tous les soirs mais les avantages sont là : en moins d’un mois, j’ai repris une vie sociale normale, téléphone compris.
Donc depuis le vendredi 20/12/2018, je suis officiellement propriétaire de Tic (micro) et Tac (appareil de droite).
Aujourd’hui, j’ai voulu tester mes oreilles bioniques et leurs nouveaux réglages, quitte à braver les éléments. C’est la saison des marchés de Noël et il y en a un très chouette juste à côté de chez moi. Il s’agit du marché de Noël d’un petit village se passant sur la place de l’église qui est en pente plutôt raide. Il est mignon, bien achalandé et bon enfant.Tous les ans, depuis que je suis arrivée dans la région, je vais y faire un tour.
J’ai donc testé le marché de Noël.
Cela commençait déjà mal. J’ai tourné un petit peu pour me garer. Je descends donc vers le marché de Noël. Juste avant de l’atteindre, j’entends la petite musique de fin de pile de l’appareil de droite…Mince, j’ai totalement oublié avant de partir de la changer.
Je ne l’ai pas fait hier car c’était une journée off/ repos du cerveau. Je décide de la changer avant de rentrer dans l’arène, histoire d’éviter de souffrir du brouhaha. Me voilà donc sur le trottoir en train de changer ma pile sans encombre.
Le contrôle visuel de sécurité de mon sac est juste pour la forme. Me voilà donc toute contente, malgré le vent froid et le temps gris, prête à déambuler dans les allées. Au début, tout va bien. Je descends tranquillement, je regarde quelques chalets. Il n’y a pas encore trop de monde.
Mais cette joie de faire du lèche vitrine sera de courte durée. Les annonces au micro, la foule serrée et compacte gâchent le plaisir. Le fait que je descende l’allée n’arrange rien. J’ai le mal de mer. Ma vision tangue.
J’entends tout et rien. Il y a trop d’informations. Je n’entends plus rien réellement et je peine à lutter contre le vertige. Je n’ai qu’une envie sortir de la foule.
Arrivée en bas de l’église, je trouve le chalet de notre libraire pro qui a un peu froid. Son stand un peu à l’écart a des faux airs d’oasis paisible. Jusqu’à ce que la fanfare se mette à jouer. Je me décide donc à remonter vers ma voiture. J’ai compatis un instant avec ces pauvres chiens au ras du sol, solidement attachés à leur laisse qui contrairement à moi, doivent subir tout se brouhaha et ne voir en plus que des paires de jambes…
Plus je monte vers le parking, plus la terre bouge….C’est quand même fou ça, je n’ai jamais eu le mal de mer sur un bateau, mais alors là sur la terre ferme, c’est affreux ! Juste au moment où je récupère ma belle auto, il tombe une énorme averse. Il était temps que je rentre !
Conclusion
J’ai testé mes oreilles au marché de Noël et …j’ai détesté ! Je n’ai pas pu profité du marché, des jolies créations des artisans, ni de l’ambiance. J’ai juste eu l’impression d’être dans une grosse machine à laver en mode essorage. Le côté positif est que cela ne m’a pas fatigué plus que ça…Donc le problème vient de mon défaut de spatialisation.
« j’me colle devant la télé soupe aux légumes bol de thé Et qu’on me foute la paix Si faut qu’on puisse à ce point être mal le lendemain Dans son canap’, dans son canap’ on est bien
Cela fait maintenant une semaine que je suis équipée d’oreilles bioniques. Il est donc temps d’en faire un petit bilan.
Les premiers jours ont été rudes pour mon cerveau, mais finalement, il s’est plutôt bien adapté.
Les tests grandeur nature
J’ai toujours un peu de mal quand il y a du bruit. Selon l’audioprothésiste, il est normal que j’ai des vertiges dans ces cas-là. Trop d’information saturent mon cerveau qui hésite entre les traiter et me maintenir debout.
Mais les progrès faits en une semaine sont spectaculaires. J’y suis allée progressivement mais les résultats sont là :
Je peux de nouveau aller en salle des professeurs. Rester toute la récréation dépend du niveau sonore. Si il y a trop de bruits, je tangue et je finis par avoir des vertiges.
Le volume sonore de la radio et de la télévision est revenu à un niveau normal. Je retrouve la musique comme je l’aime.
Répondre au téléphone : Je redoutais ce moment, mais finalement ça va. On a juste l’impression que son interlocuteur parle dans un micro. On dirait un animateur de grand magasin….Je pense que couper le CROS sera peut être plus confortable.
J’ai été faire un saut au plus gros hypermarché du coin. Je n’ai quasiment pas souffert du bruit. Je peux de nouveau faire du shopping normalement.
J’ai testé le cinéma. Aucun souci de vertiges en vue.
Les nouveaux réglages
Pour pallier à mon souci de gestion du bruit quand il y a trop de monde, j’ai maintenant la possibilité d’éteindre le CROS (micro) en appuyant d’un coté ou de l’autre sur un petit bouton. Cela peut se faire discrètement en replaçant une mèche de cheveux par exemple.
Le programme automatique a été lui aussi modifié. Désormais, il filtre beaucoup plus les bruits parasites. Grâce à une montée de 2 décibels sur les médium que j’entends pourtant bien, je gagne 25% en compréhension orale !
Les améliorations possibles
Il me reste encore plein de choses à tester. Je n’ai toujours pas mis les pieds en ville, ni dans un endroit rempli par la foule. Il me reste des lieux comme la cantine, les restaurants, les concerts ou les grosses réunions à essayer.
La spatialisation est une catastrophe. Je n’arrive toujours pas à savoir d’où vient le son. J’ai l’impression de ressembler à ça :
Mercredi matin en salle des profs, j’entends clairement la voix d’une collègue mais pas moyen de la localiser dans la salle. Si j’osais, je tournerai sur moi-même pour la localiser genre tête chercheuse, mais cela risque de paraître bizarre pour les autres.
Quand quelqu’un arrive à ma gauche, je m’en rends toujours compte après coup. Il y a un angle mort parait-il. Je pense que cela est du au délai de transmission du son de la gauche vers la droite. Le sans fil c’est bien, mais cela a quelques petits défauts. Cela en fait parti. C’est aussi pour cela que mes appareils ne sont pas compatibles Bluetooth.
J’ai gardé certains réflexes. La lecture labiale reste d’un grand soutien. cela me rassure. Je cherche toujours à savoir où me positionner quand je rentre dans une pièce.
Tous ces changements m’épuisent. La fatigue diminue peu à peu…Peut être qu’une fois accoutumée, elle disparaîtra.
Blague du jour
Hier soir, j’ai entendu un bip et une petite musique. Pensant que c’était ma sonnette extérieure (qui sonne bizarrement depuis que sa pile fatigue), je me précipite à la porte. Personne. Mon cerveau se dit que cela lui rappelle un truc mais quoi, mystère….Mais oui, bien sûr ! Il s’agit de l’alerte sonore de fin de piles ! Sauf que je n’ai aucune idée quel appareil m’envoie ce cri de détresse énergétique….
D’après la notice, j’ai entre 25 et 30 min d’autonomie restante. Il y aura 3 autres bips toujours impossible à localiser. Finalement c’était le CROS…le micro a fini par se couper….J’ai donc fait mon 1e changement de piles.
Ce matin, nouveau bip, par déduction, il a fallu changer les piles à droite !
Cela fait maintenant 4 jours que je suis dotée d’oreilles bioniques. Et heureusement que c’était le week-end car l’expérience est rude.
Test à domicile
Je m’habitue petit à petit à mes nouveaux amis. L’entretien n’est pas très compliqué, leur mise en place non plus.
Ils savent se faire oublier excepté une petite chose très inconfortable : Mais bon sang, qu’est ce que les embouts donnent une furieuse envie de se gratter le conduit auditif ! Cela me démange, c’est une horreur…Mon conduit auditif doit être tout irrité. Après quelques recherches sur internet, il paraîtrait que l’huile d’amande douce soulage et hydrate le conduit auditif sans danger pour les appareils. Pour vous aider une idée de la sensation, imaginez que vous avez une bestiole qui s’éclate à monter et descendre dans vos oreilles….
Je continue mes tests. Il est appréciable de ne plus avoir la télévision qui braille. Je me surprends même des fois à devoir baisser le volume. Il en va de même pour la radio. En voiture, le bruit de la fermeture automatique des portières me fait sursauter. Pour l’instant, je n’ai pas conduit en ville. Tant que je ne spatialise pas le son, je ne me sens pas d’affronter la circulation citadine ( ni sa foule d’ailleurs).
Test en extérieur
J’avoue, je suis impatiente de pouvoir vivre une vie d’entendante normale, de pouvoir aller dans un lieu public sans appréhension. Et bien ce n’est pas gagné ! Je n’ai pas voulu rester sagement à la maison. Mais je ne voulais pas affronter un grand magasin, sa musique d’ambiance et sa foule. J’ai donc été chez A****n où j’ai trouvé plein de bidouilles pour les loisirs créatifs et bouquiner chez C*****a.
Rapidement et naturellement, je fuis les zones pleines de monde. Je me réfugie au coin lecture BD. J’ai quand même tenu une bonne heure. Le gros avantage de la lecture est que je rentre dans ma bulle très facilement et me protège ainsi facilement du bruit. En plus, j’ai lu des trucs très chouettes comme « Le loup en slip » (J’en ferai peut être la critique ici).
Dès qu’il y a trop de monde je ne comprends rien, je ne sais pas d’où vient le son. Et le pire est la nausée, le mal de mer qui me prend dans ces moments. Mon cerveau a du mal à choisir entre traiter toutes les nouvelles informations qui lui arrivent et me maintenir debout.
J’entends effectivement quand les gens parlent à gauche, pas quand ils arrivent par la gauche. La faute, je pense au léger décalage du au transfert d’information du Cros à l’oreille droite.
A la caisse des magasins j’ai toujours besoin de la lecture labiale pour communiquer sinon avec le brouhaha, je sus incapable de sélectionner les informations. Tout ça car je ne spatialise pas encore le son.
J’ai fait le choix de porter le plus possible les appareils pour m’y habituer, compris chez moi. Cela me fatigue beaucoup. Mon cerveau mouline à mort y compris quand je dors. Je le sens bien car au réveil, je ne suis absolument pas reposée. Le corps va bien, il est reposé, ce veinard. mais mon pauvre cerveau non….J’avais songé aller au cinéma ce week-end. J’en avais très envie, j’ai hâte de tester le son du cinéma. Mais qui dit pluie, dit foule au ciné et cela faisait un peu trop pour un test. Et j’ai déjà du mal à récupérer alors si je force, je ne sais pas si je tiendrais la semaine.
Cela ne fait que 4 jours. 4 jours où j’avance à petits pas. Il me reste tant de choses à tester : cinéma, téléphone, shopping en ville, concert etc….La lenteur de l’acclimatation est frustrante mais nécessaire
Au fait, il paraît que comme mon chat s’appelle GPS et mon gps Bernard, il faudrait que je donne un petit nom à mes « oreilles bioniques ». Si vous avez des idées, n’hésitez pas en commentaire !
Depuis hier j’ai quitté le monde des malentendants et ai découvert tout un monde de bruits que je ne soupçonnais pas. Je vais tenter ce soir de restituer le ressenti de cette première journée. J’avoue ne pas avoir très bien dormi. J’ai été réveillée par l’appréhension d’affronter le collège, cet univers bruyant un peu particulier.
Premiers pas
S’équiper pour la première fois le matin est curieux….Petit conseil : se brosser les cheveux sans les appareils, le bruit est affreux. Attraper les clés, son sac à main, en fait tout cela est bruyant.
Après un trajet sans encombre, où écouter la musique est toujours un régal, me voilà prête à affronter le bruit quotidien. J’ai juste oublié un détail : ma voix. dès que j’ouvre la bouche, j’ai une voix de robot dont je ne gère absolument pas le volume sonore.
L’entrée dans l’arène
Le bruit dans le hall est contre toute attente supportable. Ce n’est plus un brouhaha inaudible. C’est bruyant mais net. J’ai été prudente, j’ai été récupérer mes élèves avant le rush. La mise en rang devant la porte et l’entrée dans le CDI ont été l’épreuve du feu. Ce moment où les élèves sont remuants et impatients, où comme au pire moment des soldes, ils vous prennent d’assaut pour savoir si ils peuvent venir, aller à l’ordinateur etc…
J’entends tout. Le moindre chuchotement. C’est désarçonnant. J’entends un élève chuchoter à l’autre bout de la pièce. Je ne saurais pas dire où dans la pièce mais je l’entends. Des fois, cela donne l’impression qu’il y a de la friture sur la ligne. Le son ressemble un peu à la voix de Voldemort dans la tête d’Harry Potter.
Dans l’ensemble, tant qu’il n’y a pas plusieurs personnes qui parlent même temps ça se passe bien. Par contre, j’ai fait la bêtise d’aller en salle des professeurs. C’était trop tôt. J’ai du aller y récupérer ma collègue. Imaginez une pièce de 50m² pleine de monde. Chaque groupe papote. On dirait un immense grondement.
Je dois me faufiler au milieu de la foule. Le choc est violent. Mon cerveau est d’un coup submergé d’informations et panique. Dans ma tête un énorme panneau « Tires toi de là » clignote.
J’ai accompli ma mission sans saluer quiconque. Pas par impolitesse, mais par panique du bruit. Je ne gère rien.
Les sons
Il y a des sons très proches. Le bruit des cheveux, le froissement d’une feuille papier, le frottement d’un tissu etc…Plus la matinée avance, plus je fatigue. Il était temps que la matinée s’achève. J’ai la nausée. Une sorte de mal de mer sans vertiges, puisque je triche. Je sens que les anti-vertigineux vont être ces prochains jours mes meilleurs amis.
Après m’être reposée, je suis allée faire des courses ce soir. Dans un magasin pas trop grand, sans musique d’ambiance. Je ne me suis pas senti agressée par le bruit. Toujours ce problème de nausées. Je pense que cela doit être du au changement de repérage dans l’espace par rapport au bruit et à l’équilibre. Cela ira mieux quand mon cerveau aura trouvé le truc pour compenser. Je lui fais confiance pour ça, il a toujours été efficace.
Bilan de la journée
Après avoir porté 10h, mes appareils, je suis toujours comme une gamine qui redécouvre chaque bruit. Et même si cela est usant et fatiguant, cela est une chouette aventure à vivre. Les précieux conseils de toutes les personnes appareillées au collège ( On doit pouvoir monter un club) sont encourageants. Bon apparemment le port de bonnet trop serré n’est pas conseillé (Si vous avez des modèles de chapeau sympa n’hésitez pas à les mettre en commentaires).
Par contre, je suis déçue. Mes oreilles magiques ne sont apparemment pas compatibles Bluethooth car ils fonctionnent « en connexion sans fil »entre eux (Et l’appareil qui permettrait la connexion Bluethooth coûte 200€. Cela fait un peu cher pour répondre au téléphone directement dans les oreilles et connaitre le niveau d’usure des piles !)
D’abord, un grand merci à tout ceux qui m’ont soutenu ces derniers mois. Merci à ma famille, mes amis et mes collègues pour tous vos petits messages d’encouragements aujourd’hui. Un merci particulier pour mon accompagnateur de ce soir. Sa discrète, mais rassurante présence ce soir a été d’une grande aide.
L’attente
La journée a été longue. Le stress montant lentement mais surement, par vagues, tel un océan prêt à m’engloutir. J’avais à la fois hâte et peur. Le nombre de messages d’encouragements autour de moi n’y changeant rien.
Le trajet pour se rendre chez l’audioprothésiste sera long, angoissant, malgré le calme, la sérénité et la conduite sûre de mon accompagnateur. L’élastique de la pochette contenant tous mes documents ne doit sa survie qu’à sa robustesse. Pleine d’appréhension, je passe enfin la porte du cabinet de l’audio, aidée par une dernière blague de mon accompagnateur.
Heureusement, pas le temps de souffler. Le rendez-vous commence directement. Je rencontre enfin mes « oreilles bioniques ». Le premier contact sera…l’insertion des piles ! L’audioprothésiste est pédagogue et je comprends vite le fonctionnement de mes deux nouveaux amis.
Mes nouveaux amis : Bolero B90 et Cros
Et voici maintenant la minute téléachat sans le talent de Pierre Bellemare ! Comme vous pouvez le voir, le kit de bienvenue pour oreilles bioniques est plutôt…fourni : des piles, des lingettes nettoyantes, une boite de déshumification, deux boîtes de transport, les notices et…les appareils.
Pour faire court, le système CROS fonctionne à l’aide de 2 appareils. Le CROS est le micro qui prend le son à gauche pour l’envoyer à l’autre appareil à droite sur mon oreille valide. L’idée pour l’instant est de soulager l’oreille droite en lui fournissant à domicile les sons provenant de l’autre côté. Plus besoin de tourner la tête, de se concentrer pour « entendre » ce qui arrive de gauche. Le son arrive sans fil ! Par la suite, l’appareil de droite sera affiné sur les fréquences où l’audition est défaillante.
Les deux appareils sont donc différents et ont chacun une fonction propre. Par contre, vu la taille du repère indiquant de quel côté se positionne l’appareil, il vaut mieux ne pas être en plus malvoyant !
Les sensations
Contre toute attente, la transition n’a rien de violente. La première chose qui étrange est le son de ma voix. On dirait que je parle dans un micro. Après quelques réglages cette sensation s’atténue, mais je dois m’habituer à ma voix.
Ensuite, entendre le son qui arrive de la gauche sans avoir à tourner la tête. c’est tout simplement génial. Cela demande beaucoup moins d’attention pour se repérer dans l’espace. Je redoutais le bruit de la rue, de la circulation. Finalement le choc sera moins violent que redouté. J’entends juste mieux et plus détaillé. Entendre le bruit du manteau de mon chauffeur quand il passe les vitesses, entendre sa voix de façon audible, dans le noir en étant passagère, donc du « mauvais côté » est….tout simplement comment dire….magique. Et j’ai choisi un accompagnateur avec la voix idéale pour ça : douce, grave avec l’accent de mon sud-ouest natal.
Evidemment ce soir, je teste. La musique…je retrouve la musicalité perdue sur un morceau pas des plus doux …Mais le rendu est génial
Je dois baisser le son de la télévision, j’entends parfaitement le son du four à gauche même en faisant la vaiselle. La musique au casque marche aussi avec cependant un défaut : ma voix devient métallique.
Le plus déstabilisant est d’entendre le bruit de mes cheveux frottant sur l’appareil. Pour l’instant, je n’ai pas l’impression que mon cerveau fatigue plus. Le petit dôme champignon s’insérant dans l’oreille n’est pas le truc le plus confortable, mais les appareils savent se faire oublier. Et surtout je sens la différence avec ou sans. Et les cheveux détachés, nul ne peut deviner que je suis équipée d’oreilles magiques !
Mais demain amènera d’autres découvertes, d’autres sensations…A voir si le bilan reste positif. En attendant comme mon accompagnateur me l’a dit ce soir : « Bienvenue chez les entendants ! »
Ce soir c’est la dernière…ma dernière soirée de malentendante dans un monde d’entendants qui n’a jamais vraiment été adapté. Ce n’est pas lui qui s’est adapté à moi, mais moi à lui. Dans ce domaine là, j’ai dû bidouiller aussi.
Des années à essayer de compenser cette oreille manquante, à trouver des astuces pour que cela ne se voit pas. Pour se fondre dans la masse. En vain.
Un jour de Février, il y a 38 ans de cela, un bébé bataille avec ce fichu cordon. Trois tours bien serrés autour du cou avant de dire bonjour au monde. Trois tours qui empêchent son cerveau de s’oxygéner comme il faut. Mais comme le matériel est de bonne qualité, il lutte et commence déjà à bidouiller. Il se demande dans quelle partie couper l’oxygène pour qu’il y ait le moins de dégâts. Il choisira l’oreille gauche qui ne communiquera plus jamais avec lui, à moins d’un miracle médical.
Ce bébé grandit avec cette oreille unique pendant quelques année sans que nul ne s’en aperçoive vraiment grâce…aux bidouilles.
La musique. Ecouter de la musique sans entendre la stéréo. Pour un entendant, l’écoute en « mono » paraît archaïque. Sauf qu’il y a tellement d’autres façons d' »écouter » la musique. Les vibrations sont une façon bien plus vivante de ressentir, d’entendre la musique. C’est pour cela que j’aime autant les festivals en plein air. Il y a un côté vivant, sensuel de ressentir la musique de cette façon.
La bidouille la plus importante reste la lecture sur les lèvres, bien pratique mais qui intrigue. Pourquoi fixe-t-elle comme ça les lèvres…
Tout simplement parce que la forme des lettres sur les lèvres, leurs combinaisons permettent grâce à une sorte de dictionnaire mental de compléter les mots qui ne sont pas entendus. Cela n’est pas une science exacte et il y a de beaux quiproquos quand les personnes en face articulent mal ou que la fatigue parasite.
Car toutes ces bidouilles pour compenser ont un coût. Un coût énergétique énorme. Il y a des jours où j’ai l’impression d’être un Pokémon qui voit sa barre d’énergie fondre à la vitesse grand V.
Aujourd’hui c’était ma dernière en incognito chez les entendants, qui sont toujours surpris quand tu leur annonces que ce n’est pas la peine de me parler à gauche. Non si je ne réponds pas ce n’est ni du mépris ni de l’indifférence. Juste que je n’ai pas entendu tout simplement.
Être dans une pièce remplie de monde parlant en même temps est un cauchemar. Tout n’est que brouhaha et bribes de phrases.
Comment pouvoir s’intégrer à un groupe quand il est impossible d’entendre une phrase entière venant d’une même personne ? Comment ne pas avoir l’impression de gêner l’autre à le faire répéter deux ou trois la même chose car vous n’avez pas entendu sans passer pour une débile profond ? Vous me direz faire répéter n’est pas bien méchant. Oui, d’accord. Mais la fréquence à laquelle cela est nécessaire est usante. Et on a bêtement la sensation d’être différent d’un simple entendant qui sait, directement ce qu’il se dit.
Demain matin sera la dernière matinée où en rentrant dans une pièce, je me demanderai où me mettre pour entendre tout le monde. J’avoue que ça a des avantages. Si en réunion ou ailleurs quelqu’un vous importune, vous vous mettez de façon à l’avoir du « mauvais côté » et vous êtes tranquille…enfin tant que de temps en temps vous regardez sur ses lèvres pour répondre sans trop de bévues.
Sinon il reste la célèbre technique du « c’est pas faux ».
C’est donc la dernière aujourd’hui. Demain, je deviens « bionique ». Grâce à la technologie, je vais enfin entendre le son venant de la gauche. Pleins de repères vont changer dans l’espace, dans le rapport au monde, dans la communication.
C’est à la fois pleine de hâte et d’appréhension que je vais rentrer dans ce « nouveau monde ». Il va falloir de nouveau bidouiller, trouver de nouveaux repères.
J’ai cherché à trouver des informations sur ce que l’on pouvait ressentir après un tel changement. Quelles étaient les sensations ressenties, les difficultés à affronter, les trucs chouettes à découvrir pour quelqu’un qui va après 38 ans découvrir enfin la stéréo même artificielle. Je n’ai pas trouvé grand’chose.
C’est pour cela que je pense faire quelques articles ici, sur ce blog pour partager mes découvertes et éventuellement rassurer de futures oreilles bioniques.
Aujourd’hui c’était la dernière….Demain sera la grande première….
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