Depuis hier j’ai quitté le monde des malentendants et ai découvert tout un monde de bruits que je ne soupçonnais pas. Je vais tenter ce soir de restituer le ressenti de cette première journée. J’avoue ne pas avoir très bien dormi. J’ai été réveillée par l’appréhension d’affronter le collège, cet univers bruyant un peu particulier.
Premiers pas
S’équiper pour la première fois le matin est curieux….Petit conseil : se brosser les cheveux sans les appareils, le bruit est affreux. Attraper les clés, son sac à main, en fait tout cela est bruyant.
Après un trajet sans encombre, où écouter la musique est toujours un régal, me voilà prête à affronter le bruit quotidien. J’ai juste oublié un détail : ma voix. dès que j’ouvre la bouche, j’ai une voix de robot dont je ne gère absolument pas le volume sonore.
L’entrée dans l’arène
Le bruit dans le hall est contre toute attente supportable. Ce n’est plus un brouhaha inaudible. C’est bruyant mais net. J’ai été prudente, j’ai été récupérer mes élèves avant le rush. La mise en rang devant la porte et l’entrée dans le CDI ont été l’épreuve du feu. Ce moment où les élèves sont remuants et impatients, où comme au pire moment des soldes, ils vous prennent d’assaut pour savoir si ils peuvent venir, aller à l’ordinateur etc…
J’entends tout. Le moindre chuchotement. C’est désarçonnant. J’entends un élève chuchoter à l’autre bout de la pièce. Je ne saurais pas dire où dans la pièce mais je l’entends. Des fois, cela donne l’impression qu’il y a de la friture sur la ligne. Le son ressemble un peu à la voix de Voldemort dans la tête d’Harry Potter.
Dans l’ensemble, tant qu’il n’y a pas plusieurs personnes qui parlent même temps ça se passe bien. Par contre, j’ai fait la bêtise d’aller en salle des professeurs. C’était trop tôt. J’ai du aller y récupérer ma collègue. Imaginez une pièce de 50m² pleine de monde. Chaque groupe papote. On dirait un immense grondement.
Je dois me faufiler au milieu de la foule. Le choc est violent. Mon cerveau est d’un coup submergé d’informations et panique. Dans ma tête un énorme panneau « Tires toi de là » clignote.
J’ai accompli ma mission sans saluer quiconque. Pas par impolitesse, mais par panique du bruit. Je ne gère rien.
Les sons
Il y a des sons très proches. Le bruit des cheveux, le froissement d’une feuille papier, le frottement d’un tissu etc…Plus la matinée avance, plus je fatigue. Il était temps que la matinée s’achève. J’ai la nausée. Une sorte de mal de mer sans vertiges, puisque je triche. Je sens que les anti-vertigineux vont être ces prochains jours mes meilleurs amis.
Après m’être reposée, je suis allée faire des courses ce soir. Dans un magasin pas trop grand, sans musique d’ambiance. Je ne me suis pas senti agressée par le bruit. Toujours ce problème de nausées. Je pense que cela doit être du au changement de repérage dans l’espace par rapport au bruit et à l’équilibre. Cela ira mieux quand mon cerveau aura trouvé le truc pour compenser. Je lui fais confiance pour ça, il a toujours été efficace.
Bilan de la journée
Après avoir porté 10h, mes appareils, je suis toujours comme une gamine qui redécouvre chaque bruit. Et même si cela est usant et fatiguant, cela est une chouette aventure à vivre. Les précieux conseils de toutes les personnes appareillées au collège ( On doit pouvoir monter un club) sont encourageants. Bon apparemment le port de bonnet trop serré n’est pas conseillé (Si vous avez des modèles de chapeau sympa n’hésitez pas à les mettre en commentaires).
Par contre, je suis déçue. Mes oreilles magiques ne sont apparemment pas compatibles Bluethooth car ils fonctionnent « en connexion sans fil »entre eux (Et l’appareil qui permettrait la connexion Bluethooth coûte 200€. Cela fait un peu cher pour répondre au téléphone directement dans les oreilles et connaitre le niveau d’usure des piles !)
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